Après s'être développée grâce à la valorisation de coproduits, la société Caribou TG, basée en Midi-Pyrénées, mise désormais sur les produits fermentés à base de plantes médicinales. Pionniers dans ce domaine, ses responsables mettent en exergue les vertus de ces solutions vis-à-vis de l'état sanitaire des animaux.
Réalville, bourgade à une dizaine de kilomètres au Nord de Montauban. Au cœur du département du Tarn et Garonne, l'autoroute A20 qui remonte vers Brive-la-Gaillarde puis Limoges, vient entrecouper la plaine céréalière où se mêlent les champs de tournesol, de maïs et de céréales à paille. C'est à la sortie de ce petit village qu'est installée l'entreprise Caribou TG. Il s'agit d'un corps de ferme, composé d'une belle bâtisse et d'anciennes granges auxquelles est venu s'ajouter plus récemment un long hangar métallique.
Depuis une grosse décennie, la société Caribou TG est surtout connue pour son travail vis-à-vis de l'utilisation des kéfirs, ces symbioses de levures et de ferments lactiques. Après avoir lancé la Cariboule, produit permettant la stabilisation de soupes, de lactosérums ou encore de jus de maïs doux, la structure s'intéresse désormais aussi aux produits fermentés à base de plantes médicinales : les Kéfiplantes. Un domaine réellement novateur dans lequel ses responsables fondent beaucoup d'espoirs. « On est face à un potentiel extraordinaire, s'enthousiasme Robert Genibre, l'emblématique gérant. Les résultats que l'on a déjà obtenus sont assez bluffants… Dès à présent, on est capable de proposer des programmes complets adaptés à différentes espèces. »
De la valorisation de copoduits…
Avant de se lancer dans cette voie, l'entreprise tarn-et-garonnaise a accumulé une solide expérience dans le domaine de la nutrition animale. Tout à commencer il y a une trentaine d'années, avec une activité de valorisation de coproduits et la fourniture de matières premières pour les fabrications fermières. À l’origine de l'aventure au début des années 1990, il y a Robert Genibre et Yves Raust. Le premier fonde la société Caribou TG, spécialisée dans la fourniture de matières premières. Le second le rejoint quelques années plus tard, en créant un cabinet-conseil partenaire.
« On a commencé à travailler sur divers coproduits issus des industries agroalimentaires, explique le fondateur. Il s'agit notamment de maïs doux frais ou pressé ou encore des jus de ceux-ci. » La société poursuit encore cette activité, en collaboration avec une petite dizaine d'usines agroalimentaires des régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. Outre le maïs doux, ce service concerne aussi des drèches de fruits et légumes, de céréales, des coproduits de maïseries ou de biscuiteries. Sur certains sites industriels, la société est maître d'œuvre de la totalité des opérations de valorisation.
Reste que l'usage des coproduits a désormais un peu moins le vent en poupe dans le secteur animal. Il se heurte notamment à la concurrence des unités de méthanisation. « On a un vrai savoir-faire avec des solutions qui ont fait leurs preuves, commente Yves Raust. Dans le futur, on veut continuer à être présent sur ce métier, mais il est clair que ce n'est pas l'avenir, même si une gestion intelligente entre les différents circuits de valorisation reste possible… ».
… aux kéfirs
De fil en aiguille, le travail sur les coproduits a conduit l'entreprise à s'intéresser aux mélasses de bois contenant du châtaignier. Yves Raust et Robert Genibre sont même à l'origine de l'utilisation des tanins de châtaignier en alimentation animale. Le Protensil, commercialisé par Caribou TG, contient des sucres et des tanins. Il peut être utilisé directement dans les rations et intéresse alors plus particulièrement les rations riches en azote soluble. Il peut également être utilisé dans les silos, pour améliorer la conservation des ensilages.

Pour accompagner le développement des Kéfiplantes, une responsable des activités de recherche et développement a rejoint l'équipe de Caribou TG il y a quelques mois.
« De par notre travail sur les coproduits, on a toujours eu à l'esprit la problématique de la stabilisation des produits », explique Robert Genibre. D'où une deuxième idée quelque peu révolutionnaire, qui a germé au début des années 2000, celle de recourir aux kéfirs. Ces associations symbiotiques de bactéries et de levures sont capables de coloniser un milieu pour en orienter les fermentations. En 2003, la première application passe par la Cariboule. Une sorte de sphère plastique, aux apparences de panier à salade, qui a pour vocation d'être plongé dans des soupes ou des coproduits liquides. Une culture de kéfir est positionnée à l'intérieur. Le concept a fait l’objet en 2006 d’un dépôt de brevet européen validé aujourd’hui.
Depuis son lancement, la Cariboule a séduit de nombreux éleveurs de porcs. Certains l'utilisent pour valoriser des invendus de pain. D'autres pour des jus de maïs doux. À chaque fois, le produit parvient à être efficace, quelles que soient les conditions. De quoi convaincre les plus septiques. Avec la Cariboule, l'entreprise a commencé à sortir peu à peu de ses bases du Sud Ouest. Elle a commencé à mettre un pied dans d'autres régions françaises, mais aussi à l'étranger.
Les Kéfiplantes
Caribou TG ne s'est pas arrêtée en si bon chemin. Les recherches se sont poursuivies de manière très active. Elles se sont orientées vers la conception des Kéfiplantes, produits fermentés à base de plantes médicinales. Au travers du procédé de fermentation, les responsables entendent conférer à des plantes thérapeutiques bien connues une bien meilleure efficacité. « Il y a une petite dizaine d'années, on a commencé à expérimenter ce concept et à évaluer les bénéfices sur les animaux, explique Robert Genibre. Les kéfirs existaient déjà, on n’a rien inventé… On ne fait que travailler les souches et les plans de distribution. »
En pratique, les infusions de plantes fermentées, placées dans des cuves, sont des procédés lents. Ils prennent entre un et six mois selon les plantes choisies. Dans le hangar jouxtant les bureaux de l'entreprise, plusieurs dizaines de cuves plastiques abritent les solutions en fermentation. « On s'est rapidement aperçu que le potentiel était très vaste, note le gérant. Lorsque l'on a commencé à mener des essais en station, on savait déjà que ces produits présentaient des atouts indéniables. C'est pour cela que l'on est allé assez vite. » Tout l'enjeu a consisté ensuite à concevoir des protocoles adaptés aux différentes espèces. Quels assemblages de plantes, pour quelles actions, mais aussi quels volumes de produits distribués et selon quelle fréquence ? Autant de questions qui nécessitent d'accumuler un maximum de données.
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Fabien Brèthes
Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 689 - septembre 2015
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