Le bio en alimentation animale suscite quelques interrogations : comment s’approvisionner en matières premières, le 100 % bio est-il possible, quels cahiers des charges… Questions-réponses avec Carine Maret, directrice de l’Ufab, l’Union française d’agriculture biologique.
La Revue de l’Alimentation Animale : Pour quelles espèces animales fabriquez-vous des aliments ?
Carine Maret : Nous fabriquons essentiellement de l’aliment volailles, ce qui représente, entre pondeuses et volailles de chair, 80 % de nos volumes de production. Le reste concerne les porcs et bovins. Dans ce cas, les éleveurs utilisent avant tout les matières premières qu’ils ont à disposition chez eux. Pour ces espèces, nous fournissons plutôt des aliments complémentaires. L’alimentation des volailles occupe la majeure partie de la fabrication d’aliments du bétail en France.
RAA : Quels sont vos clients sur ce créneau ?
C. M. : Loué et Le Gouessant sont nos principaux clients. Ensuite, nous sommes en relation avec d’autres organisations ou des éleveurs indépendants en vente directe. Nous avons une grande diversité de clients sur l’ouest.
RAA : Quels sont les grands pôles de matières premières utilisées ?
C. M. : Pour les céréales, il s’agit de maïs, blé, triticale et à la marge, avoine et orge, et ce surtout pour les volailles. Cela dit sur certains correcteurs énergétiques en bovins, on peut être amené à utiliser du maïs. Quant aux protéagineux, il s’agit des pois et féverole, soja et tournesol pour les oléagineux.
RAA : Comment vous approvisionnez-vous ?
C. M. : Pour le tournesol, les huiliers français progressent en volumes, ce qui est une bonne chose même si ça n’est pas encore tout à fait suffisant. Ensuite nous avons la chance d’avoir notre propre outil de transformation nous permettant d’être autonome en tourteaux de soja.
RAA : Quelle est la provenance des graines de soja nécessaires à votre transformation ?
C. M. : Nous avons toujours une base France dont le volume évolue en fonction des années. L’an dernier les récoltes étaient plutôt bonnes. Ensuite nous importons des graines de différentes origines pour couvrir les besoins de l’usine, généralement issues de groupements de producteurs. Mais je ne vous dirai pas précisément où, car certaines provenances ont nécessité des travaux de construction de filières conséquents, en Afrique par exemple. Tous nos fournisseurs sont audités, ce qui nécessite un certain temps de mise en place.
RAA : Cette part d’importation concerne-t-elle aussi les autres matières premières ?
C. M. : Il y a deux ans les récoltes étaient mauvaises au niveau national donc il a fallu importer plus, l’an dernier moins ; cette année, on espère encore moins. On aura toujours une part d’importation sur des produits qui ne sont pas disponibles ou pour remédier aux variations de production ici. Mais nous avons la chance d’avoir une base de collecte relativement stable et sécurisée, qui représente un stock important.
RAA : Elle se situe autour de l’Ufab ?
C. M. : Oui, avec des producteurs de Bretagne et Pays de la Loire essentiellement, et en Basse-Normandie, soit entre 150 et 200 producteurs les meilleures années de récoltes. Les mauvaises années, il y a un peu plus d’échanges entre producteurs, les éleveurs ont tendance à garder un peu plus pour eux. Nous avons avec eux des contrats pluriannuels avec des fourchettes de prix garanties (GTB) ou annuels selon la zone et le choix des producteurs.
RAA : Les volumes français de soja bio sont-ils plus importants aujourd’hui ?
C. M. : Ils sont minoritaires en feed, car si effectivement les volumes de production ont augmenté, le marché food a augmenté également. Les volumes disponibles dépendent de la production et de la qualité, sachant que les déclassements de food en feed sont variables d’une année sur l’autre. Ensuite il y a le C2, les productions de 2e année de conversion, et cela concerne d’ailleurs potentiellement toutes les matières premières que nous utilisons.
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Frédéric Ripoche
Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 689 - septembre 2015
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