Le sodium favorise l’ingestion, la digestion et les échanges sanguins chez les ruminants. Si cela semble faire partie des fondamentaux de la nutrition animale, on constate sur le terrain que la carence en sodium reste la plus largement répandue. Pilardière a organisé, les 26 et 27 juin en Espagne, un séminaire dédié à cet élément minéral indispensable.

Une trentaine de participants étaient présents lors du séminaire Pilardière organisé à Barcelone.
Les rations de base pour bovins laitiers, si elles ne sont pas complétées, ne couvrent pour ainsi dire jamais les besoins en sodium des animaux, qui ne trouvent naturellement que peu de sodium dans les fourrages. Pour François Meschy, conseiller scientifique du groupe Pilardière, pas de doute : « La complémentation en sel est une nécessité. » Mais les éleveurs en sont-ils réellement conscients ?
Un élément minéral incontournable
Le sel apporte à l’animal, sodium et chlore . « Deux éléments qui remplissent des fonctions propres, mais qui sont souvent considérés indifféremment en raison de leurs inter-relations fonctionnelles. Ils sont d’ailleurs présents en quantité quasi équivalente dans le sang et dans les tissus. » Contrairement à d’autres éléments minéraux, tel que le calcium, l’organisme de la vache laitière ne contient qu’une quantité limitée d’environ 1,2 kg de sodium chez un sujet adulte, dont 40 % sont localisés dans la structure osseuse. « Ce sodium est très peu échangeable. Il n’y a donc pratiquement pas de stockage utile de cet élément, qui doit en conséquence être apporté régulièrement par le biais de l’alimentation », explique François Meschy.
Les rôles du sodium sont avant tout extra-osseux et concernent principalement le contrôle des flux d’entrée et de sortie cellulaire des molécules vitales (système métabolique communément appelé pompe à sodium). Il faut y ajouter les régulations des pressions osmotiques et de l’équilibre acido-basique. Le scientifique a ensuite souligné la très bonne efficacité de l’absorption du sodium. « Elle se fait tout au long du tube digestif, si bien qu’on admet généralement un taux d’absorption de 90 %. Le sodium est essentiellement régulé au niveau du rein par le système rénine-angiotensine-aldostérone. L’excrétion se fait par l’urine. » Pas de gaspillage, donc.
Chez la vache laitière, les besoins ne font l’objet d’aucune controverse. Les recommandations d’apport en sodium sont de 23 mg/kg de poids vif pour une vache en lactation, 0,45 g/litre de lait, 1,2 g/j pendant la gestation et 1,4 g/kg de gain de croissance. « Quand Européens et Américains s’entendent, c’est le cas pour le sodium, c’est qu’on est très proche des besoins réels de l’animal », glisse François Meschy.
Complémentation de la ration
À la différence du potassium, les rations alimentaires des ruminants sont souvent déficitaires en sodium, notamment si elles sont basées sur de l’ensilage d’herbe ou si elles sont riches en concentré. On observe une très forte variabilité des teneurs en sodium des fourrages verts. Suivant les espèces botaniques consommées et leur stade de développement (il y a davantage de sodium dans les végétaux jeunes), on peut s’approcher d’un apport conforme aux recommandations. « Mais dans un contexte de productivité élevée par animal et avec une alimentation riche en concentré, la carence en sodium des rations est pour ainsi dire universelle », prévient-il. Pour y suppléer, plusieurs voies sont envisageables. Les fourrages peuvent être enrichis par le salage des foins. « C’est une pratique à encourager », confirme François Meschy. « À raison d’une quinzaine de kilos par tonne, répartis directement sur les andains, elle permet d’accélérer le séchage des fourrages et d’éviter l’apparition des moisissures. » Le salage des ensilages est également envisageable. Il présente aussi l’intérêt d’inhiber la multiplication des spores dans l’ensilage et de réduire la pression des butyriques. « Deux à trois kilos de sel/m2 de surface sont généralement préconisés. »
Autorégulation par l’animal

La montagne de sel est progressivement grignotée par le chargeur télescopique.
Mais pour l’ensemble des intervenants de la journée, le meilleur moyen d’apporter du sodium en quantité suffisante reste la distribution en libre-service. « Il faut profiter de l’appétit spécifique des ruminants pour cet élément minéral. La vache laitière est capable de réguler elle-même sa consommation de sodium, sans risque de surconsommation. » La pierre à sel (bloc à lécher, etc.), qui permet à l’animal de s’approvisionner en sel quand bon lui semble, est certainement la solution la moins contraignante. « Pour être efficace, ce type de distribution en libre-service suppose le respect de modalités précises de distribution. Les blocs à lécher doivent être disposés en nombre suffisant pour que tous les animaux puissent y accéder à volonté. Il faut éviter toute rupture de stock prolongée, qui se traduirait par une surconsommation lors de la mise en place d'un nouveau bloc. »
La carence en sodium se manifeste en premier lieu chez l’animal par le pica, un changement important du comportement alimentaire. « Les animaux recherchent alors du sodium dans leur environnement. Raison pour laquelle on observe certaines vaches lécher l’urine ou la sueur de leurs congénères, ou même consommer du fumier. Ces comportements doivent alerter l’éleveur sur une éventuelle carence en sodium. » Une diminution de l’ingestion (jusqu’à 25 %) peut accompagner ces premiers signes, avec des conséquences parfois importantes sur la production laitière.
Le conseiller scientifique du groupe Pilardière souligne par ailleurs que les risques liés à une consommation excessive de sodium sont minimes. « Sauf accident, on ne constate quasiment jamais d’excès dans les élevages. À condition d’avoir accès librement à une eau de boisson de qualité, les animaux tolèrent une grosse quantité de sodium. »
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O. W.
... Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 679 septembre 2014
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