Nouvelle étape dans le Massif Central avec l’entreprise DFP-Nutraliance, sise sur la frange occidentale du massif, près d’Uzerche dans le Limousin. Farouchement attaché à son indépendance, DFP mise sur les partenariats locaux pour continuer à croître dans un environnement dominé par la coopération.
Le site de Saint-Ybard, où est installée l’usine DFP-Nutraliance, ne laisse aucun doute sur l’antériorité de l’industrie meunière dans les environs : les silos se dressent en fond de vallée, à proximité d’un plan d’eau. « Il y a ici une activité de meunerie recensée dès 1760 », rappelle Benoît Costes, le responsable commercial ruminant. C’est en 1958 que Michel Dumas, le père de l’actuel dirigeant Jean-Jacques Dumas, diversifie l’activité avec la nutrition animale. L’actuel dirigeant en prend les rênes en 1972. L’entreprise produit à l’époque 6 500 t d’aliments Dumas. En 1995, un important train d’investissements est réalisé et l’usine en fabrique alors 46 000 t.

Xavier Cros (à droite), directeur général de DFP-Nutraliance et Benoît Costes (à gauche), responsable commercial de l’activité ruminant.
Les dates clés de DFP
« 1998 est une date charnière dans l’histoire de l’entreprise », cite Benoît Costes. La société Dumas s’allie avec Purina pour reprendre le concessionnaire Sanders de Limoges : Aliments Ferrard. Cette association signe la naissance de DFP (Dumas, Ferrard, Purina). La nouvelle structure compte alors 2 usines, à Saint-Ybard et Limoges, et produit alors 102 000 t. Les trois entités ont chacune leur marque avec des commerciaux et un réseau de distributeurs pour chacune. À l’aube des années 2000, le monde agricole est secoué par le scandale de la vache folle. DFP, situé dans une zone très concernée par l’élevage bovin décide de spécialiser son outil de Saint-Ybard à la production pour ruminants et d’organiser son offre commerciale tout en optimisant son procédé industriel en passant à deux aliments : DFP et Nutraliance. L’usine de Limoges est dévolue à la production d’aliments pour monogastriques.
Toujours dans ce souci de spécialiser ses outils, DFP rachète en 2009 Moulin Beynel un fabricant local dont l’outil de production situé à Saint-Priest-de-Gimel (19) est dédié à la production bio. Face à la croissance de ce marché, la ligne de transformation des céréales a été déménagée en 2014 ramenant à Saint-Ybard le concassage de maïs et l’aplatissage d’orge concassé.
En 2012, les volumes d’aliments produits à Limoges (45 000 t), ainsi qu’une grande partie de l’équipement industriel, sont transférés à Saint-Ybard. Le site de Limoges situé en plein cœur de ville connaît trop de contraintes environnementales et devient difficile à exploiter. « Pour des raisons de place, toutes les presses ne pouvaient pas être transférées à Saint-Ybard et un investissement de plus de 2 millions d’euros a été réalisé pour rendre l’usine plus productive. Il s’agissait de faire aussi bien, voire mieux, avec 4 presses ce qu’on faisait avec 5 », résume Benoît Costes. DFP en profite pour installer un broyeur à changement de grilles automatique en marche. « Le changement de grilles prend moins d’une minute, précise Joachim Correia, le responsable industriel. L’ordonnancement des productions n’est donc plus du tout une contrainte par ce facteur. » Enfin, un 3e pont-bascule est installé pour ne pas perdre de temps au chargement et déchargement.
Dès lors, l’usine tourne à saturation en 3x8. Mais certains pics de production demeurent compliqués à gérer. DFP s’est tourné vers un autre fabricant situé à 50 km au sud de Brives à Turenne, les établissements Symbélie, avec lesquels il passe un accord. « Nous avons confié à Symbélie la charge de produire de grosses séries d’aliments monogastriques, notamment porc, décrit Benoît Costes. C’est intéressant du point de vue industriel mais aussi logistique parce que nos éleveurs de porcs sont plutôt situés dans la zone Sud, à proximité de cette usine. » En outre, Symbélie dispose d’une unité de fabrication de mash très récente qui n’a donc pas encore atteint son niveau de saturation : « Nous n’étions pas équipés pour produire du mash et ne pouvions pas installer une ligne dédiée sur notre site faute de place, or c’est une nouvelle corde dont nous voulions doter notre arc. » De son côté, Symbélie y voit l’occasion de massifier ses flux et de gagner en compétitivité. « Enfin, nous sommes deux fabricants indépendants, cette association nous permet de conforter nos positions mais aussi de conforter l’existence d’une offre indépendante en Limousin, revendique Benoît Costes. Nos offres sur le terrain sont séparées, mais nous avons des stratégies communes en amont et des synergies industrielles. »
Depuis 2012, DFP a rassemblé ses deux marques en une seule, DFP-Nutraliance, et réorganisé ses équipes commerciales par secteur.

En fond de vallée, le site de DFP à Saint-Ybard est caractéristique des moulins avec sa retenue d’eau.
Leader régional
Le groupe ainsi constitué (DFP, Symbélie et Beynel en bio) produit aujourd’hui 145 000 t et se pose comme le leader régional dans le Limousin. « Nous évoluons dans un environnement économique différent, fait remarquer Xavier Cros, quasi exclusivement coopératif. Nos concurrents sont impliqués dans l’amont et l’aval, ils ont des raisonnements complètement différents. Nous ne sommes pas impliqués dans les filières, nous n’avons pas d’accès privilégiés aux élevages, nous devons être les meilleurs. Nous ne sommes pas les moins-disants du marché, nous cherchons la qualité des produits, la performance en élevage, la qualité du conseil. Nos techniciens doivent être meilleurs, notre offre produit doit être meilleure et au final nous devons offrir les meilleures performances en élevage. »
La zone de chalandise de DFP va de Cahors à Châteauroux, des portes d’Angoulême à Bergerac, jusqu’aux marges du Puy-de-Dôme. « Nous couvrons tout le Limousin et les départements limitrophes : Lot, Dordogne, Charente, Vienne, Indre, etc. Nous sommes actifs sur 9 départements dans un rayon de 200 km au départ de l’usine. » Cette zone est irriguée par 2 colonnes vertébrales, l’A20 et l’A89 et attend l’ouverture d’une voie rapide entre Limoges et Angoulême.
Pour gérer au mieux ses coûts de transport qui constituent une charge importante, DFP a fait le choix d’une flotte en propre et de chauffeurs internes. L’entreprise développe l’échange de céréales avec ses éleveurs de ruminants : « Ici tous les éleveurs doivent acheter une partie de leur paille, ils aspirent à un certain niveau d’autonomie tout en utilisant l’énergie fournie par les céréales. C’est un mouvement de fond : quand les exploitations s’agrandissent, les surfaces supplémentaires sont dédiées aux cultures. » Ces échanges contractuels sont gérés par les distributeurs qui ont un accès privilégié à la collecte locale et gèrent le stockage. Si l’organisation de la logistique permet de gérer les coûts de transport, ce sont les investissements qui permettent à DFP d’être bien placé en coût industriel : « Notre usine est performante, malgré la diversité de nos productions », assure Xavier Cros.
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Françoise Foucher
Retrouvez l'intégralité de l'article dans la RAA 690 - octobre 2015
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